Autumn already (scroll down for original text in French)
This past summer really flew by—a hot two months packed with trips, meet-ups, and changes! What
remains for me now is the sensory memory of all that heat, still adrift on the waves of my memories. It’s like being in a slow-motion film so languid it shows only the highlight reel: the cool of the evening on the cobblestones that flank the river in Seville, the showboating of the bullfighter in Pamplona, the simple and utter joy of the late afternoons on the dog beach in Jaffa, the incredible vibrancy of life in Tel Aviv interspersed with the muezzin’s celestial strains, the serenity of thousands of prayers crumpled and Jerusalem’s Wailing Wall, the culinary tradition of Milan and Rome
(as if every street corner were beckoning you to put on 15 indulgent pounds), and the ambivalence of identity that inhabits me every time I’m back in France, a place now tinged with a certain foreignness owing to the separation of time and geography.
I often feel as if improvisation and adjustment are the warp and weft of my life. Any wisdom in the weaving is not the result of taking control but rather watching how the current flows and its vagaries arise. It is a fabric of uncertainty, of audacity, of abandon, and—a thousand times, alas—of resistance, the only benefit of that resistance being the effort put forth in overcoming it… Jacques Prévert’s portrait of a bird holds interest only because the bars of the cage are blotted out one by one, delicately, leaving the fickle songbird’s plumage unscathed.
In Los Angeles, the cool of autumn is a godsend. We’re here for a few days for a
jazz festival. The contract leaves
something to be desired, the ultra-clean motel smells of Ajax, and our stay will be brief. But we’ve rented a car: we’re sitting
pretty!
Los Angeles, October 2022
photos: 1) Sevilla 2) Jerusalem’s Wailing Wall
3) Sunset Blvd, Los Angeles
Translation: Scott Irving
Texte original en français ⬇️
L’automne déjà
Je n’ai pas vu passer l’été. Tant de voyages, de rencontres et de changements durant ces deux mois de canicule ! La mémoire sensorielle de la chaleur pèse encore sur le flot de mes souvenirs, comme un ralenti dont la paresse n’a gardé que l’essentiel : la sensation d‘ivresse et de volupté dans la forêt des gigantesques séquoias du côté de Santa Cruz, l’illusion de fraîcheur nocturne sur la voie pavée au bord de la rivière à Séville, la vanité spectaculaire du toréro à Pampelune, la joie simple et pleine des fins d’après-midi sur la plage des chiens à Jaffa, la vitalité hors du commun de Tel Aviv ponctuée par la voix céleste du muezzin, l'extrême
douceur des milliers de prières froissées-compressées entre les énormes pierres du mur des lamentations à Jerusalem, la tradition culinaire à Milan et à Rome comme si chaque coin de rue vous invitait à prendre délicieusement dix kilos, et puis ce sentiment d’ambivalence identitaire chaque fois que je me retrouve en France, devenue un ailleurs si particulier avec la distance temporelle et géographique.
J’ai souvent l’impression que ma vie se tisse d’improvisation en ajustement. L’intelligence de ce mouvement ne dépend d’aucune sorte de contrôle, mais plutôt d’une observation du sens du courant et de ses accidents. C’est fait d’incertitude, d’audace, d’abandon et, mille fois hélas, de résistance dont le seul point positif est le dépassement auquel elle invite… Le portrait de l’oiseau de Jacques Prévert n’a d’intérêt que parce les barreaux de la cage sont effacés un à un, délicatement, sans abimer le plumage du volatile siffleur.
La fraîcheur de l’automne est un ravissement à Los Angeles. Nous y passons quelques jours
pour un festival de jazz. Le contrat n’est pas mirobolant, le motel sent l’Ajax de son ultra
propreté et le séjour est fort court, mais nous avons loué une voiture : autant dire que nous sommes les rois du pétrole !
Los Angeles, octobre 2022
photos: 1) Sevilla 2) Le mur des lamentations, Jerusalem 3) Sunset Blvd, Los Angeles
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